Stratégies culturelles en périphérie urbaine : la Ville de Parramatta
Depuis les années 1990, de nombreuses stratégies supportant la politique culturelle de villes périphériques ont été utilisées à des fins de croissance socio-économique et d’attractivité territoriale, portées par l’exemple de villes comme Bilbao et Glasgow – laissant entrevoir que les banlieues, comme les villes mondiales, pouvaient capitaliser sur la culture. Mais cette planification a donné des résultats mitigés en ce qui concerne l’accès et la production de la ville par ses citoyens. Cet essai porte sur les stratégies développées au sein d’espaces urbains multiculturels et à la marge de villes-centres mondialisées, en se focalisant sur le cas de la Ville de Parramatta.
Située à 25 kilomètres du centre d’affaires de Sydney, Parramatta est un territoire urbain aux contours divers, que cela soit au niveau de son bâti, son économie ou sa démographie. Récemment, la ville s’est tournée vers la culture pour assoir son indépendance et identité, incluant l’établissement d’une stratégie culturelle et un investissement massif dans le site culturel du musée Powerhouse Parramatta. A ce jour, le territoire fonctionne toujours comme une périphérie spatiale et culturelle, une de celles qui apportent une contribution marginale à l’image urbaine de Sydney sur la scène mondiale. Western Sydney, où se situe Parramatta, se positionne également de façon inégalitaire en termes de financements, infrastructures et participation dans les arts et la culture comparée à la partie est de la région métropolitaine (SGS Economics & Planning, 2018). Dans sa stratégie culturelle « Culture and Our City » (2017), Parramatta mise pourtant sur la vision ambitieuse de devenir une destination culturelle mondiale.
Quelles sont les stratégies et infrastructures culturelles les plus adaptées aux contextes des espaces urbains périphériques et multiculturels ? Est-ce qu’une planification peut – dans le cas de villes comme Parramatta – impliquer une refonte plus large de l’image urbaine auprès, à la fois, des résidents et des visiteurs ? Ainsi, comment Parramatta peut-elle planifier une infrastructure culturelle qui puisse être incluse dans le récit urbain de la ville globale de Sydney et s’identifier en même temps à sa propre histoire et identité ? Ma recherche soutient que si, dans ses récents documents stratégiques, la ville délivre un plan spectaculaire, dans les détails, ce plan néglige le contexte local, y compris les besoins et demandes des résidents, bien que ces derniers soient de façon rhétorique au cœur narratif de la stratégie.
Une périphérie dépourvue de culture ?
De nombreuses régions métropolitaines soutiennent aujourd’hui des stratégies culturelles au-delà de leur centre historique, conscientes de l’opportunité présentée par la périphérie dans l’expansion de leur capital culturel. Cependant, la standardisation de leurs approches a été démontrée par de nombreux auteurs qui soulignent leurs portées limitées, et parfois limitantes (Djament-Tran and Guinand, 2014; Vivant, 2007). Les gouvernements locaux semblent ainsi privilégier la construction de grands équipements culturels dits « emblématiques » (Tobelem and Thuriot, 2019; Djament-Tran and Guinand, 2014), les « méga-événements » et la préservation et promotion du patrimoine (Kavaratzis, 2015), aux dépens d’équipements plus structurants qui se feraient dans le cadre d’un aménagement territorial plus harmonieux et une politique culturelle locale plus cohérente (Tobelem and Thuriot, 2019). Ces approches semblent assumer que les banlieues présentent une culture qui ne serait suffisamment sophistiquée ou désirable, stigmate qui renforce leur marginalisation et freine leur ascension vers un statut de « villes culturelles. »
La duplication de ces modèles à travers des espaces urbains différents traduit alors souvent une déconnexion fréquente entre ce que Henri Lefebvre (1974) appelle l’espace conçu des politiques et aménageurs – que l’on retrouve par exemple dans les documents stratégiques des politiques de la ville – et l’espace perçu des habitants résultant des pratiques quotidiennes de l’espace. L’argument central, ici, porte sur les perspectives que pourraient représenter l’inclusion de ces deux espaces (conçus et perçus) au sein des stratégies culturelles. Ceci pourrait alors en retour permettre de mieux ancrer les stratégies aux contextes culturels des périphéries urbaines, prenant en compte l’espace vécu de la ville (Lefebvre, 1974).
Parramatta est une ville riche en histoire. Traditionnellement lieu de rassemblement pour de nombreux peuples aborigènes, située sur les Terres du peuple Burramatta de la nation Darug, elle fut également le premier « grenier alimentaire » de la colonie anglaise – héritage qui a laissé des traces sur le bâti et l’environnement naturel. Aujourd’hui, la ville connaît une forte croissance démographique, portée par une population jeune et hautement multiculturelle issue de vagues d’immigration successives et la présence de deux campus de l’université de Western Sydney. Le tissu culturel Parramatta est fait de commerces et entreprises divers, d’une poignée d’infrastructures pour la production artistiques, comme l’Artists’Studio, et de salles de spectacles et lieux de représentations, tel que le Riverside Theatres. Ses espaces publics, y compris ses parcs, accueillent également de multiples festivals. Cependant, c’est bien à Sydney que se concentre de façon marquée le capital culturel de la région métropolitaine.
Since the 1990s, when the successful cultural-led urban renewal of cities like Bilbao and Glasgow held out the promise that peripheral cities, no less than world cities, could capitalise on culture, much urban cultural strategic planning has sought to gain global attention and achieve socio-economic growth. Such planning has produced mixed results in granting citizens access and production to their city. This essay looks at strategies in multicultural urban areas that lie at the margin of global cities, focusing on the City of Parramatta.
Parramatta is a fast-expanding, diverse urban environment 25km to the west of Sydney’ CBD. Recently it has turned to culture to asserts its own independence and identity, both developing a cultural strategy and investing massively in an anchor cultural infrastructural site, the museum Powerhouse Parramatta. Currently, the city still functions as a spatial and cultural peripheral area, one that makes a marginal contribution to the city’s overall cultural standing. Western Sydney, in which the City of Parramatta is located, historically has lacked funding, infrastructure and public participation in culture and the arts in comparison to the eastern side of the metropolitan region (SGS Economics & Planning, 2018). Yet the City of Parramatta staked its cultural strategy, “Culture and Our City” (2017), on an ambitious vision of becoming a global cultural destination.
What kinds of cultural strategies and infrastructure are then the most suitable for peripheral and multicultural urban settings? And can – in the case of a city like Parramatta – strategic planning involves a wider rethinking of its image among residents and visitors? How can the city plan cultural infrastructure that can be included in Sydney’s greater global city narratives, yet also mark Parramatta’s distinct history and identity? My research argues that while, in its recent strategic documents, the City offers a striking plan for its future, in its detail, this plan overlooks the local context, including residents’ needs and demands, despite them being centred rhetorically in the strategy’s narrative.
A Periphery Deprived of Culture?
Many metropolitan areas are currently endorsing cultural strategies that go beyond their traditional centre, aware of the opportunity that their periphery presents for expending their cultural capital. But scholars have showed the limited, and sometimes ominous, impacts of their standardised strategies (Djament-Tran and Guinand, 2014; Vivant, 2007). Studies report that local governments tend to favour “flagship” infrastructure (Tobelem and Thuriot, 2019; Djament-Tran and Guinand, 2014), mega-events, and heritage preservation and marketing (Kavaratzis, 2015), rather than dealing with the comprehensible political and socio-economic uncertainties of developing structural cultural infrastructure as part of a more holistic mode of city planning (Tobelem and Thuriot, 2019). This often assumes that peripheral suburbs do not present a sufficiently desirable or sophisticated culture, and bear a stigma of marginalisation that prevents them from becoming “cultural cities.”
Indeed, the duplication of these models across very different urban sites and cultures implies a frequent disconnection between what Henri Lefebvre (1974) has termed the conceived space of the politicians and planners – found in strategy documents for example – and the perceived spaces of the inhabitants, part of their everyday practice of space. I argue the inclusion of both “conceived” and “perceived” spaces in cultural strategies would then give a greater contextual perspective of urban peripheral culture, taking in consideration the actual lived space of the city (Lefebvre, 1974).
Parramatta is a city with a rich history: traditionally a gathering place for many Aboriginal people, located on the lands of the Burramatta people of the Darug nation, it was also the first foodbowl of the English colony – both of which imprinted the environment and infrastructure. Currently experiencing strong growth, the population is driven by a young and highly multicultural population, resulting from successive waves of immigration and the presence of two Western Sydney University campus. Its cultural fabric is made of commercial venues and enterprises, alongside a few places for artistic production such as the Artists’ Studio, and performances venues like the Riverside Theatres, while its public spaces and parks hosts multiple festivals. However, the metropolitan cultural capital is still prominently present within Sydney.
D’une certaine manière, le musée Powerhouse placera Parramatta sur le plan régional en termes d’infrastructures culturelles. Mais sa conformité à ce que l’on retrouve à Sydney menace son attractivité, avec des visiteurs extérieurs ayant déjà accès à des installations centrales et renommées. Par ailleurs, des contradictions avec les attentes locales se font déjà entendre alors que le musée entre à peine en phase de construction. Une partie de la société civile a exprimé son mécontentement quant à l’emplacement sur le site patrimonial de Willow Grove qui se doit d’être déplacé. Cette tension, ainsi que la forte concentration d’équipements culturels autour du musée, risquent de produire un îlot déconnecté de son tissu local et des autres infrastructures culturelles de la ville, qui pourraient elles-mêmes se retrouver menacées par le poids de ce site très médiatisé et sur lequel se concentre les financements.
La ville (multi)culturelle : au-delà d’une image de ville « vibrante » ?
Parramatta présente une stratégie culturelle ambitieuse au sein de laquelle elle s’imagine en future destination mondiale. Elle s’appuie sur un ensemble d’infrastructures culturelles immatérielles, avec festivals, évènements et activations de son espace public, et sur la construction d’infrastructures culturelles matérielles, où le site du musée Powerhouse Parramatta – le musée lui-même et l’activation des espaces publics adjacents – constitue un investissement majeur. En outre, la ville cherche à se montrer comme inclusive et innovante en invitant la population à « programmer » le territoire. Toutefois, ses modes d’engagements (consultation, feedback) sont uniquement consultatifs, et relativement superficiels. La population semble être davantage une source d’inspiration où sa diversité – principalement vue à travers le prisme de la multiculturalité – est au cœur du récit urbain afin d’inspirer programmes, festivités et design. De fait, bien que la culture soit présentée rhétoriquement en amont comme un concept fluide, pluriel et dynamique, son application dans la stratégie tombe rapidement dans une association presque exclusive entre diversité et dynamisme. La culture et la population sont décrites ainsi de façon continue dans un discours au relent marketing à l’intention des décideurs politiques, investisseurs et futurs visiteurs. La culture y est fétichisée : la diversité devient un mot à la mode, une valeur marchante se transformant en une commodité désirable (Terrhun, 2019), et commercialisant l’image d’une ville jeune, énergétique et pleine d’opportunités (Syrett and Sepulveda, 2011). Peu d’attention est toutefois portée à la façon dont cette diversité se distingue en termes d’âges, d’ethnicités, de classes et plus encore, et comment ces distinctions peuvent en retour être liées à des problématiques plus larges de justice sociale et d’inclusion.
Dans ce contexte, je souhaite tout d’abord porter l’attention sur le rôle supposé de la culture, en tant qu’élément de cohésion sociale et de dialogue, quand celle-ci est mise en scène dans les festivals et autres festivités, et de sa mise en perspective avec le rôle que pourrait avoir des rencontres inscrites dans plus de quotidienneté (Fincher et al., 2014). Dans la stratégie, la Ville de Parramatta se repose sur le dynamisme de la culture affichée dans des infrastructures immatérielles, notamment lors de grands événements formels, pour favoriser ce dialogue. Ceci est retranscrit dans une vision assez simpliste de ce qui peut se passer dans ces festivités, telle que l’image de « communautés » qui « chantent, dansent, mangent, rient et célèbrent ensemble. » Ainsi, bien que les participants semblent prendre part volontiers à ces événements, ils les qualifient plutôt d’expériences individuelles. Ils semblent aller à la rencontre de l’autre dans des activités plus réduites et impromptues : des ateliers pour enfants à la bibliothèque ou le partage d’un repas entre voisins dans la cour d’un immeuble par exemple.
In some ways, the moving of the Powerhouse site will place Parramatta on a regional level in terms of cultural infrastructure. But its conformity to what can be found in Sydney still threatens it with being overlooked by more central and renowned facilities. Besides, as the Powerhouse site is just entering construction, contradictions with local expectations are already being heard. Part of civil society has voiced disagreement with the location – on the heritage building site of Willow Grove, which now will need to relocate. This tension, together with the strong clustering of cultural facilities, risk of producing an “island” disconnect to its local fabric and other cultural infrastructure, which may be threatened itself by the weight of this highly financed and publicised site.
The (multi)cultural city: beyond the “vibrant” city?
The cultural strategy of the City of Parramatta presents an ambitious vision for the city. This meant-to-be future “world-class” destination relies on soft cultural infrastructure, featuring festivals, events and street activations, and the building of hard cultural infrastructure, in which the museum Powerhouse Parramatta and its activated riverside stand as pivotal investments. The City seeks to promote itself as inclusive and innovative, inviting the population to “program” their city, but its modes of engagement (consultation, feedback) are only consultative, and rather superficial. The population seems to be more a source of inspiration, where its diversity – mostly pictured through lens of multiculturality – is at the core of the narrative, and is said to inspire programs, festivities and urban design. While culture is, at first rhetorically introduced as a fluid, plural and dynamic concept, its application in the strategy falls into an almost exclusive association between diversity and vibrancy, where both culture and the local population are described relentlessly in a kind of marketing pitch to policy makers, investors and future visitors. Culture is fetishised: diversity becomes a “buzzword,” or as Terruhn (2019) has expressed, a “selling point” or desirable “commodity” marketing the image of a youthful, energetic, and opportunity-filled city (Syrett and Sepulveda, 2011), with little attention to ideas of how this diversity is distinguished in terms of age, ethnicity, class or other distinctions, and how those distinctions in turn relate to broader issues of social justice or inclusion.
Here, I echo the interrogation of Fincher et al. (2014) on the staging of culture as an element of dialogue and social cohesion, over the roles that more “everyday encounters” might play. In its official documents, the City of Parramatta turns to the vibrancy of culture that is displayed in soft cultural infrastructure, particularly in large-scale and formal events, to foster this dialogue. This is presented into what appears as an oversimplified vision of what happens in those events, such as the picturing of “communities” to “[…] sing, dance, eat, laugh and celebrate together.” On the other hand, my research participants, despite the fact that they seem to gladly engage with the events, refer to them as being more individual and serendipitous experiences. Participants seem to better engage with others in more impromptu and smaller activities: children activities at the library or a get-together with neighbours in a building courtyard.
De plus, il peut être également souligné l’effet surjoué, presque teinté de faux-semblant, produit par cette association continue entre culture et dynamisme, dont le sens reste flou et qui en devient rapidement clichée. Une telle terminologie peut paraître inévitable pour présenter une image attrayante et compétitive des villes périphériques. Mais ces dernières sont bien plus complexes que de simples produits de consommation : leurs espaces sont physiquement et cognitivement perçus et façonnés par divers acteurs. La Ville de Parramatta, plaçant sa population diversifiée au cœur de la narration mais en marge du processus décisionnel, n’a jusqu’à présent su reconnaître le pouvoir générateur d’aller au-delà de la communication et spéculation. En priorisant les expériences festives au détriment du rythme quotidien de la ville, il risque de se construire un espace public axé seulement sur l’attrait marchant (Gravari-Barbas, 2009). Ici, l’inclusion de la diversité culturelle semble n’être qu’une façade qui adopte la rhétorique mais non la substance du droit à l’accès et la production de cette ville culturelle.
Infrastructures culturelles conçues et perçues
Les entretiens conduits dans le cadre de la recherche suggèrent que lier espace conçu et espace perçu apporte des renseignements sur l’utilisation d’infrastructures que les politiques ou aménageurs peuvent être amenés à désigner seulement par leur usage conventionnel. Il n’est ici nullement mis de côté le besoin pour ces espaces de s’équiper d’infrastructures adéquates pour les pratiques culturelles et artistiques, y compris pour la conception artistique, répétitions ou expositions.
En outre, les participants ont été interrogés sur ce qu’ils considéraient être des espaces à valeur culturelle, de divertissement, lieux de rencontres ou tout autres espaces jouant un rôle dans l’expression et la construction de leur identité – de manière à inclure la complexité du concept de « culture » lui-même. Les résultats ont montré l’identification majoritaire d’espaces publics, d’espaces verts et de commerces au détriment d’infrastructures culturelles plus « traditionnelles. » Cela peut signifier que Parramatta ne possède pas à ce jour ce type d’événements ou de programmes sur son territoire, mais également que les espaces culturelles peuvent prendre des formes diverses. Par exemple, Westfield Parramatta, un exemple d’infrastructure commercial, qui peut difficilement être qualifié de « culturel » à première vue est décrit comme un lieu important de socialisation, présentant une variété de cultures culinaires (restaurants), de l’art (cinéma) et qui se trouve également être un lieu d’exposition et d’observation de différentes expressions culturelles et artistiques (mode, musique) – et qui, pour de nombreux résidents s’avère être une infrastructure culturelle à part entière.
I wish to point as well to the continued association of culture with “vibrancy,” producing, in policy documents, a sense of well-meaning enthusiasm that quickly becomes elusive and clichéd. It might be objected that such terminology in cultural strategies is inevitable, and that it enables to present a saleable image of the city. But cities are much more complex than consumer products: their spaces are physically and cognitively perceived and shaped by various stakeholders. The City of Parramatta, by putting its diverse population at the centre of its narrative but at the margin of actual decision-making, has so far failed to recognise the generative power of going beyond communication and speculation. To give high priority to the festive and “out-of-the-ordinary” experiences, at the expense of the everyday rhythm of the city, risks the building of commercial public space focussed on commercial appeal only (Gravari-Barbas, 2009). Here, the inclusion of cultural diversity appears then to be only a façade, adopting the rhetoric but not the substance to the right to access and produce this cultural city.
Conceived and perceived cultural infrastructure
The interviews I conducted suggest that the opportunity to connect conceived and perceived spaces better inform on the usage of the infrastructure that officials might designate only by their conventional use. Here I do not, however, put aside the need for aspiring peripheral cities of adequate infrastructure for cultural practices, including spaces for design, rehearsal, performance, exhibition and production.
When participants were asked about places of cultural value, of entertainment and gathering, and of “identity building” – so as to include the complexity of the concept of “culture” itself – green spaces, public spaces and commercial places were mostly mentioned, ahead of the more “traditional” cultural infrastructure. While it might mean that the City of Parramatta lacks access to these amenities or programs, it also reveals that spaces of cultural values can be very diverse. For instance, Westfield, an example of commercial infrastructure which at first hardly qualifies as “cultural”, is described as an important place of socialising, having values in consideration of food culture (restaurants), arts (cinema), and a general place for exhibiting and observing casual culture (fashion, music) – and for many residents turns out to be a cultural infrastructure in its own right.
Quelle centralité pour la « ville dans la ville » ?
Entretiens et cartographie participative ont révélé que le concept de « centre » peut apparaître moins fixe que celui conçu souvent dans les stratégies culturelles. Cela peut également être observée dans d’autres études, à plus grande échelle, comme celle entreprise par Lefebvre, Bonnet et Boyer (2017) qui ont montré la fluidité du centre politique, économique et sociale dans les villes contemporaines qui se déplace souvent du centre-ville historique vers une multitude de nœuds. Alors que la stratégie de Parramatta ancre son centre culturel à son centre financier, la cartographie participative en révèle une multiplicité, prenant ses distances avec l’image d’une périphérie qui se voudrait non culturelle. Ainsi, c’est la nature et capacité du centre à répondre à des besoins spécifiques qui semblent être le plus important pour les participants, bien que l’accessibilité physique et monétaire apparaissent comme des facteurs majeurs dans la détermination de ces espaces.
Ce sont donc plusieurs nœuds qui apparaissent à Parramatta : le centre d’affaires (CBD), Harris Park-Elizabeth Farm, le Parc Olympique de Sydney et Parramatta North. Ces centres sont mobiles et flexibles et semblent s’adapter à une temporalité quotidienne et saisonnière. Par exemple, la place Prince Alfred devient très populaire pendant le festival hivernal « Winterlight » ; le parc Jubilee est bondé pendant les soirées d’été mais principalement vide la journée ; et le Parc Olympique de Sydney se transforme de façon récurrente le long de l’année en un centre culturel majeur du Grand Sydney. Toutefois, ces espaces nécessitent des investissements ciblés et continus, y compris dans leur infrastructure, pour devenir stratégiquement centraux et garantir une attractivité durable. Par exemple dans les transports, ou dans la mise en place de programmes éducatifs ou environnementaux.
Il ne s’agit donc pas tant de déterminer la bonne infrastructure culturelle pour les villes périphériques et multiculturelles telles que Parramatta. Mais plutôt de savoir comment l’élaboration en amont pourrait elle-même être entreprise en tant que coproduction entre les technocrates de la ville et l’expertise quotidienne de ses habitants. Pour Parramatta, son manque actuel de participation risque de produire une stratégie qui représente peu sa population et qui, pour cette raison, n’arrive pas à être significativement stratégique pour tous. En favorisant les expériences des visiteurs, elle met de côté la quotidienneté de l’espace. Si la ville privilégiait la substance du droit à la ville, et non son instrumentalisation, elle pourrait permettre aux politiques et aménageurs, mais aussi la population, d’interroger la signification culturelle de ces espaces urbains. Cet appel met en avant la nature stratégique de la stratégie culturelle : soumettre l’espace urbain à une analyse tangible de ce qui est en jeu, et pour qui, dans son développement territorial.
What kind of centrality for the “city within the city”?
Beyond these insights, interviews and participatory mapping reveal the fluidity of the concept of “centre,” which is not anchored to a centre as conceived often in cultural strategies. This follows similar results found in larger-scale studies, such as Lefebvre, Bonnet and Boyer (2017) which argue that contemporary cities have largely displaced their concentration of powers, services and activities from their historical and spatial centre, to organise themselves around a multitude of nodes. Indeed, while Parramatta’s cultural strategy anchored the cultural centre to its financial one, participatory mapping revealed a multiple of centres, distancing from the picture of the “non-cultural periphery.” For participants, it is mostly the nature and the capacity of the centre to answer to specific needs that seem to matter most — although physical and monetary accessibility is also a major factor in determining those spaces.
In Parramatta, several centres, or at least nodes, appear: the CBD, Harris Park-Elizabeth Farm, Sydney Olympic Park and Parramatta North. These are mobile and flexible, adapting to daily and seasonable schedules. For instance, Prince Alfred Square becomes highly popular during the annual Winterlight Festival; Jubilee Park appears crowded during summer evening while being mainly empty during daytime; and Sydney Olympic Park is one of Greater Sydney’s cultural centres during its annual festivities. However, these spaces do require focussed and continued investments to become strategically central and ensure sustainable attractivity, including structural soft and hard infrastructure, like transport, and educational and environmental programs.
Ultimately, here it is not so much about determining the right cultural infrastructure for peripheral and multicultural cities such as Parramatta. Rather it is how the work of such determination of cultural strategy might itself be undertaken, as a co-production between the City’s technocrats and the everyday expertise of its residents. In the case of the City of Parramatta, its current lack of participation risks producing a strategy which hardly represents its local community, and for that reason fails to be meaningfully strategic. By privileging visitor experiences, it lacks a strategy foregrounded in the daily experiences of the residents. If the City were to embrace the substance of the right to the city, rather than its instrumentalisation, it could open up opportunity to better enabling politics and planners, but also its own population to questioning the cultural meaning of urban spaces. This call foregrounds the strategic nature of cultural strategy: to subject the urban space to a tangible analysis of what is at stakes, and to whom, in its development.
References
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Vivant, E. (2007). L’instrumentalisation de la culture dans les politiques urbaines: un modèle d’action transposable? Espaces et sociétés, 131, 49-66.
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Scène au festival “Parramatta Lane”
Scene at the festival “Parramatta Lane”
Source: At Parramatta (https://atparramatta.com/discover/see-and-do/arts-and-culture/parramatta-lanes)
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